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Cet ouvrage présente une synthèse inédite des nombreux enjeux auxquels se trouve confronté le système alimentaire français, avec pour objectif :
Le modèle agro-industriel a donné naissance à une situation inédite d’abondance alimentaire à l’échelle mondiale. Pour autant, près de la moitié de l’humanité souffre de malnutrition. De manière générale, les niveaux de prix historiquement bas atteints par les marchandises agricoles et les produits alimentaires masquent des coûts bien réels. En réalité, notre alimentation n’a jamais coûté aussi cher. Elle se paye en dégradation de la santé publique, en détérioration des conditions de vie de millions de travailleurs, et en dommages environnementaux d’ampleur planétaire.
Les bouleversements globaux comme le changement climatique, le déclin de la biodiversité et l’épuisement des ressources non renouvelables pèsent de manière croissante sur l’organisation des sociétés humaines. Ces menaces sont à l’origine de perturbations brutales ou de long terme pouvant avoir de nombreuses conséquences sur la sécurité alimentaire. L’organisation actuelle du système alimentaire en France comme dans d’autres pays industrialisés le rend particulièrement vulnérable dans ce nouveau contexte. Les conditions ayant permis au modèle agro-industriel de voir le jour et de prospérer sont entièrement remises en cause. Sans changement de modèle, notre sécurité alimentaire est menacée.
Le modèle agro-industriel affiche de graves défaillances et se montre particulièrement vulnérable face aux menaces globales. Une transformation de notre système alimentaire est impérative pour répondre simultanément aux enjeux de sécurité alimentaire, de climat, de biodiversité et d’épuisement des ressources. Pour fixer un cap à cette réorientation, les études et modélisations disponibles convergent sur un certain nombre de transformations indispensables : réduire a minima de moitié la production et la consommation d’aliments d’origine animale, généraliser l’agroécologie et reterritorialiser les systèmes alimentaires.
Les évolutions requises pour assurer notre sécurité alimentaire future vont à rebours des dynamiques historiques de spécialisation, d’intensification et de concentration du système alimentaire. Pour sortir du modèle agro-industriel, il est nécessaire de comprendre les mécanismes qui l’ont produit et le maintiennent en place. La recherche des coûts de production les plus bas sur des marchés ne prenant pas en compte les coûts sociaux et environnementaux constitue un obstacle fondamental à un changement de trajectoire. Il s’accompagne d’autres verrous d’ordre économique, réglementaire, politique, technique et sociologique.
Le système alimentaire s’auto-organise selon les conventions économiques en vigueur : rentabilité à court terme des actifs financiers, concurrence dérégulée et externalisation des coûts sanitaires, sociaux et environnementaux. Par construction, son fonctionnement n’a aucune chance de coïncider avec la poursuite de l'intérêt général. Aussi ambitieuses et nécessaires soient-elles, les initiatives d'acteurs isolés ne suffiront pas à changer la trajectoire dans laquelle nous sommes engagés. Assurer notre sécurité alimentaire présente et future implique de redéfinir en profondeur les règles du jeu à l'échelle nationale et internationale. La création d’une sécurité sociale de l’alimentation, la généralisation des communs nourriciers grâce aux offices fonciers et la réforme des politiques agricoles, commerciales et monétaires de l’Union Européenne constituent des leviers à la hauteur des enjeux.
Sauf exception signalée, ce document et l’ensemble des textes et des illustrations originales qu’il contient sont publiés par l’association Les Greniers d’Abondance sous la licence CC BY-NC-SA 4.0 (Creative Commons, Attribution, Pas d’utilisation commerciale, Partage dans les mêmes conditions).
Ce rapport a été coordonné par Félix Lallemand et Arthur Grimonpont, chargés de recherche au Laboratoire d'Études Rurales (Université de Lyon). Il a bénéficié de la relecture attentive d’Éloïse Descamps (Solagro) ainsi que de l’aide bénévole et des précieux conseils des personnes suivantes : Chloé Adelheim, François Bernardin, Anne-Cécile Brit, Lisa Chênerie, Benjamin Cuillier, Jean Cury, Manon Dardonville, Philippine de Lattre, Lionel Durand, Charles Englebert, Lucile Giquel, Élie Grinfeder, Aloïs Guillopé, Noé Guiraud, Benjamin Karas, Marie Le Cadre, Sébastien Levionnois, Andrea Lulovičová, François Maître, Corentin Pinsard, Yannick Saleman, Arnaud Vens, Lan Anh Vu Hong, Maud Wan.
Les personnes ayant contribué à la réalisation de ce travail déclarent l’absence de tout conflit d'intérêt lié à leur situation professionnelle ou personnelle. Les propos tenus dans ce rapport n’engagent que l’association Les Greniers d’Abondance.
Le choix de l’écriture inclusive n’a pas été fait mais nous considérons dans le texte aussi bien les citoyens et les citoyennes, les travailleurs et les travailleuses, les agriculteurs et les agricultrices, etc.
Ce travail a bénéficié de l’aide de l’État via l’Agence Nationale de la Recherche au titre du programme d’Investissements d’avenir portant la référence ANR-17-CONV-0004 attribué à l'École Urbaine de Lyon ainsi que du soutien financier de l’ADEME dans le cadre du programme de recherche « Transitions écologiques, économiques et sociales », convention n°2003C0027.
Le titre de ce rapport « Qui veille au grain ? » avait été utilisé par Stéphane Linou pour un article publié en 2018 dans la revue Préventique à propos de l’absence de considération des risques pesant sur l’approvisionnement alimentaire par les pouvoirs publics.
Citation recommandée : Les Greniers d’Abondance (2022) Qui veille au grain ? Du consensus scientifique à l'action publique.
Crédits illustration de couverture : Joseph Maussion
Crédits illustrations des chapitres : Chloé Adelheim et Philippine de Lattre
Design et mise en page : Cécilia Thibaut
Pour toute question ou remarque : contact@resiliencealimentaire.org