Responsables de l’aménagement du territoire, les collectivités locales ont un rôle direct dans la préservation des espaces naturels et agricoles. Elles ont pour mission d’articuler l’agriculture avec les autres enjeux du territoire : politiques liées à l’emploi (Plan de développement économique), à l’aménagement et aux mobilités (Plan local d’urbanisme, Plan de déplacements urbains), à l’énergie (Plan climat), ou encore à la protection de l’eau et de la biodiversité (Trame vertes et bleues, Schéma d’aménagement et de gestion de l’eau).
Il s’agit de renverser le regard porté sur les espaces naturels, agricoles et forestiers, habituellement perçus en négatif des zones urbanisées, comme des territoires vierges réservés à une urbanisation future potentielle. Le processus d’élaboration des documents d’urbanisme devrait ainsi démarrer par un diagnostic des ressources naturelles du territoire (espaces naturels et agricoles, biodiversité), puis par leur protection au regard de leur rôle fondamental dans un contexte de bouleversement écologique et climatique. Les enjeux liés aux logements ou aux activités économiques seraient alors pris en compte en limitant autant que possible leur consommation d’espace : analyse de densité, identification de dents creuses, reconversion des friches…
Comme l’explique France Stratégie 22
France Stratégie (2019) Objectif « zéro artificialisation nette » – Quels leviers pour protéger les sols ? , atteindre l’objectif « zéro artificialisation nette » dès 2030 est possible. Cela nécessite d’adopter une politique d’aménagement cohérente suivant la séquence (1) éviter (2) réduire (3) compenser. Il s’agit donc en premier lieu de questionner tout projet d’aménagement des espaces non urbanisés, pour leur préférer la densification et/ou la rénovation de l’existant et, le cas échéant, la reconversion de friches urbaines.
Les collectivités qui cherchent à contenir leur urbanisation prennent généralement pour référentiel de comparaison leurs documents de planification antérieurs, et tendent à présenter tout ralentissement du flux d’artificialisation comme un progrès. Cette comparaison est trompeuse, d’une part parce que leurs documents antérieurs sont souvent très permissifs, et d’autre part parce qu’elle entretient une confusion entre stock et flux : un nouvel espace artificialisé représente toujours une perte nette d’espaces naturels et agricoles, et donc une aggravation par rapport à la situation initiale. Comme nous l’avons vu, la situation actuelle est déjà largement dégradée (notamment au regard de nos voisins européens). Ainsi, une politique d’aménagement n’est réellement économe qu’à condition de ne pas consommer d’espaces naturels ou agricoles, voire de leur restituer des sols artificialisés – par exemple en renaturant des friches urbaines.