Contrairement à de nombreux autres pays, la France est restée jusqu’à récemment à l’écart des initiatives « d’assainissement écologique ». Assurer l’autonomie du territoire en engrais nécessite de sortir du fonctionnement linéaire actuel et de chercher à boucler le cycle des nutriments, afin qu’un maximum de ce qui est exporté des champs lors des récoltes, puisse y retourner pour fertiliser les cultures suivantes.
Deux types de ressources sont à valoriser : les excrétats humains (urine et matières fécales), qui concentrent la grande majorité des nutriments, et les déchets organiques ou « biodéchets ».
Pour les excrétats, deux voies de traitement principales peuvent être envisagées :
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Collecte séparative de l’urine et des matières fécales, dite « séparation à la source », grâce à des urinoirs masculins et féminins et/ou des toilettes à séparation ;
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Récupération et compostage individuel ou collectif de l’ensemble des matières dans des systèmes de type toilettes sèches.
L’urine présente l’atout de concentrer la plupart des nutriments, de pouvoir être collectée facilement et d’être salubre 20
Esculier F. (2018) Le système alimentation/excrétion des territoires urbains : régimes et transitions socio-écologiques. Thèse de doctorat de l’université Paris-Est. . Sa valorisation agricole est donc particulièrement simple à mettre en oeuvre 21
Un simple stockage de un ou plusieurs mois suffit à la rendre utilisable. . Elle représente toutefois des volumes importants à gérer. Les urines collectées peuvent être concentrées pour en faire différents types d’engrais, liquides ou solides, appelés urino-fertilisants 22
Un seul urino-fertilisant est pour le moment disponible commercialement (engrais Aurin commercialisé par Vuna), d’autres sont en cours de recherche et développement. .
Les matières fécales contiennent quant à elles une partie des nutriments intéressants tels que le phosphore, et ont l’avantage d’être sous forme de matière organique riche en carbone, pouvant amender les sols. Elles nécessitent un compostage afin d’éliminer pathogènes et parasites. Le potentiel de valorisation énergétique des matières fécales humaines reste en revanche très faible 23
Celui ci pourrait couvrir 0, 1 % des besoins énergétiques moyens actuels d’un français avec une valorisation de 100 % des matières ; Esculier F. (2018) Le système alimentation/excrétion des territoires urbains : régimes et transitions socio-écologiques. Thèse de doctorat de l’université Paris-Est. .
La séparation à la source est particulièrement indiquée en milieu urbain pour sa mise en oeuvre simple et les volumes importants à gérer.
Pour les biodéchets, une collecte sélective et la mise à disposition de composteurs individuels ou collectifs permettrait une bonne récupération de la ressource qui pourrait être ensuite valorisée localement, par exemple en agriculture urbaine ou périurbaine.